2 Avril - Osaka/Hiroshima
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Mardi. Matinée studieuse avec le groupe, on se connaît super bien maintenant après une journée passée ensemble. On échange nos cartes professionnelles en particulier avec 3 personne d’Hitachi, sauf que l’échange est à sens unique vu que je n’ai pas de cartes de visite. On en a fait il y a une quinzaine d’années de cela, mais on ne les utilise pas trop à l’aire du numérique. Semble-t-il que l’échange d’un petit carton revêt une certaine importance ici, je suis un peu confus de ne pas avoir de carton à offrir en échange. Cela dit ils ne semblent pas du tout s’en formaliser. Le Sri-Lankais veut absolument nous emmener déguster un curry, d’après lui formidable, dans un self un peu plus au fond du campus, mais je n’ai malheureusement pas le temps, je dois aller prendre le Shinkansen. La mort dans l’âme, je décline l’invitation et continue mon périple.
Sur le chemin, après un peu de monorail, je retrouve ma valise que j’avais laissée en gardiennage à l’hôtel et reviens en métro à Shin-Osaka, qui est comme son nom l’indique, la gare d’Osaka pour le Shinkansen. Le plan machiavélique que j’ai ourdi les jours précédents consiste à laisser ma grosse valise dans un locker dans cette gare, pendant deux jours à passer à Hisoshima, plus au sud. Il y a beaucoup de lockers, mais bien moins qu’à l’autre gare géante, Umeda, dans laquelle j’avais repéré ces immenses rangées de rangement à valises. Je fais le tour de la gare, mais toutes les rangées sont prises, pas une seule place dispo. Je décide d’aller vers l’autre gare quand finalement, à la dernière seconde, une personne vient retirer sa valise et m’offre une place inespérée. Je rentre la valise, ferme la porte et hop, un coup d’ICOCA card et le tout est verrouillé pour deux jours. Je pars donc avec mon petit sac à dos.
Pour rentrer sur les quais du Shinkansen il faut que je passe mes deux tickets aux portiques. Les rames sont old-school, cossue, confortables et propres (SNCF, c’est tout l’inverse). Sur le trajet d’1h30 environ, on distingue des petites villes dans le même style, des maisons grises ou claires avec des toits sombres, toutes au creux des plaines, alors que des collines et montagnes se voient en arrière plan. Toute l’urbanisation est proche des côtes et le centre semble bien vallonné. En passant vers Fukuyama je vois une petite cathédrale (si, si !), peut être une réplique « miniature » (la taille d’une petite église), pas loin d’un jardin attenant à un palais. Dans le train, je prends conscience que la batterie de mon téléphone est presque vide, et que je n’ai pas rechargé ma batterie de secours. Il faut imaginer que c’est mon outil de survie principal, je fais tout avec: map constamment ouvert pour savoir où je suis et comment je me déplace (métro, sorties, rues etc), le traducteur pour les panneaux, les indications sur quoi faire, réservation d’hôtel, billets d’avion, etc. Là par exemple, c’est mon seul moyen de trouver l’hôtel. Sans batterie, je suis cuit. Va donc décrire à un Japonais un hôtel avec un nom anglicisé dans une rue que tu ne connais pas …
Arrivé à Hiroshima, je croise une boutique « l’occitanie en province ». De manière générale, on trouve pas mal de noms de magasins avec des mots français, pas toujours dans le bon sens, mais ça a l’air de faire classe. Je longe les berges sympathiques pour rejoindre l’hôtel en essayant de mémoriser les rues du plan au cas où la batterie lâcherait complètement. Sur les berges, il y a beaucoup d’arbres en fleurs, dont les fameux cerisiers. Il y a des parterres de tulipes et des groupes sont installés sur des bâches bleues, ils prennent leur repas ou l’apéro sur des caisses en carton retournées, avec pas mal de bouteilles de bières. Il y a des familles ou des groupes d’hommes en costards, peut-être sortis du travail. Ça semble un moment tranquille, profitant de la fin de la journée et du calme relatif des berges légèrement en retrait de la circulation, d’ailleurs jamais très dense. J’arrive à l’hôtel ou plutôt à ma « capsule ».
Mon plan machiavélique consiste en effet à passer deux nuits dans ces fameuses boîtes à sommeil, bon marché et présentes dans toutes les villes. Comme j’ai laissé mes bagages à Osaka et que je compte balader, pas vraiment besoin de réelle chambre. En réalité, le service s’avère comme partout ici d’une qualité incroyable. Si l’immeuble ne paye pas de mine, assez ancien et étroit, l’accueil est parfait. On m’explique le fonctionnement à grand renfort de document en tout sens. C’est super simple, je monte à mon étage, rentre dans un hall pour enlever les chaussures et les mettre dans un casier fermé à clé. Ensuite, il y a les parties communes, un peu comme un camping, douches, lavabo, salle de détente. Tout est assez vieux, mais est super bien entretenu et très propre, j’ai honte de ce que les Japonais pourraient trouver dans nos campings. Il y a des distributeurs de tout, gratuit et en libre service: brosses, chaussons, rasoirs, cotons tiges, mouchoirs, j’en passe des dizaines. Un peu plus loin, une porte donne accès à la zone dortoir. Il se trouve que j’ai une capsule « deluxe » donc elle a également un minuscule espace devant le placard dans lequel on dort. C’est bien commode. C’est que j’ai mis le prix ! Environ, 55€ pour deux nuits. Comme d’habitude, il y a un aussi petit sac de bienvenu avec pyjama, serviette, chausson, brosse à dents, etc. En fait, on pourrait voyager sans jamais prendre aucune affaire de toilette. La boîte à dodo est effectivement simple, vous vous attendiez à quoi avec une capsule ? J’emprunte un adapteur électrique pour recharger le téléphone à deux doigts d’agoniser, fait un brin de toilette et ressort balader.
Les rues marchandes sont bien animées, il y a beaucoup de touristes. Je me perd dans le quartier Nagarekawa puis rejoint deux collègues G. et A. ayant eu à peu près la même idée. On rigolera devant les salles d’arcades en voyant par exemple des rangées de fauteuils ultra confortables, légèrement inclinés vers l’arrière, auxquels sont attachés trois ou quatre immenses écrans. Sur ces écrans défilent des colonnes de chiffres et de symboles, à peine quelques icônes colorés par ci par là. En face des rangées de fauteuils, trois écrans géants passent des images d’une course de chevaux virtuelle sur un immense hippodrome. Les joueurs sont en fait des turfistes, parieurs sur des courses qui n’existent que virtuellement. Le soir, après avoir pas mal marché, on goûte quelques Tokoyaky, sorte boulette de pâtes avec un bout de pieuvre au centre. Retour au cube pour la nuit, demain une grosse journée de balade est prévue, mon plan machiavélique est pour l’instant sur des rails. Ce que je ne sais pas encore, c’est qu’il est sur le point de prendre l’eau.
(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)
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