25 mars - Sogang university

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Lundi. Au petit matin, Daeun, que tout le monde appelle “Dany” nous sert de guide. Dany est Coréenne, en doctorat en France depuis quelques mois et présentement ravie de nous faire découvrir son pays. Pour nous rendre à l’université à partir de l’hôtel, c’est rapide à pied (peut être 1.5 km), mais elle tient à remprunter le métro et *tous* les ascenseurs et escalators disponibles, même si cela nous fait faire des tours et des détours. Il fait bien plus froid ce matin et la pluie menace, normal le taf reprend.

L’université est la Sogang University, la deuxième plus prestigieuse de Séoul, nous dira-t’on fièrement plus tard, sur les 30 que compte Séoul. Nous sommes accueillis par Professor Yong Choi, membre de longue date de notre collaboration mais que je ne connaissait pas et qui nous a préparé une bien belle salle, avec en particulier une superbe banderole faite pour l’occasion. Il me salue et me dis avoir lu et bien connaître mes travaux, ce qui est probablement faux mais c’est cool quand même. Son assistante nous accueille et s’occupe de tous les détails techniques (pourquoi je n’ai pas une assistante moi?), c’est bien huilé. Lorsque je m’installe au pupitre un grain de sable vient s’insérer dans les rouages : il n’y pas de cable HDMI pour relier mon ordinateur au vidéoprojecteur, enfer! Toujours très calme et en sourire, le professeur fait un imperceptible signe de tête (que je perçois néanmoins, ce qui, de fait, change la nature finalement perceptible du signe sus-dit ; ceux qui connaissent Heisenberg, savent). Environ une minutes et demi après, un des étudiants que je n’avais pas vu s’éclipser revient avec un câble, qu’il sort directement de l’emballage, il a dû aller l’acheter pour l’occasion. Je n’ose imaginer comment cela se serait passé chez nous. L’administration m’aurait ri au nez en m’expliquant que j’aurais dû prévoir un bon de commande la semaine dernière, puis après signature du directeur, envoyé la demande validée au service technique qui aurait déclenché l’étude de l’appel d’offre courant pour me proposer divers modèles, entre 2 et 3 fois le prix du commerce. Moins de 15 jours après l’envoi de la commande, on aurait reçu un message nous informant d’une livraison imminente, au mauvais endroit de la fac. Moins de deux mois après, j’aurai eu un beau câble.

Vers 13h, nous allons tous déjeuner à une des cantines, qui ressemble un peu à une salle de restaurant d’hôtels internationaux, il y a même un piano dans un coin. C’est un self. Il y a de la soupe de riz (pas mon truc) et divers types de buffets formant une expérience culinaire et culturelle intéressante. Il y a également plusieurs autres endroits pour déjeuner, des sortes de snacks un peu classiques avec hamburgers ou sandwichs. Pour le café, le professeur nous emmène à un Starbuck, dans l’enceinte du campus. Il s’est mis à pleuvoir un peu et je perçois un discret signe de la tête du professeur. 2 minutes après, un autre étudiant s’incline devant lui. Il a acheté 4 ou 5 parapluies qu’il nous distribue pour l’occasion. Effectivement, en sortant il y a presque 100 mètres à faire à pied sous une vague pluie pour rejoindre le bâtiment. Encore une fois, j’imagine essayer de me faire rembourser (même sur mes contrats) l’achat de parapluies à l’administration, et rien que d’imaginer, ça me donne mal à la tête.

Le soir venu, on a juste le temps de retourner à l’hotel poser les affaires et le professeur et son assistante nous attendent dans deux magnifiques voitures de luxe, une grosse Mercedes et une Genesis (connais pas), blanches et clinquantes. Ça gagne bien, semble t’il, un chercheur en Corée. Une assistante aussi d’ailleurs, c’est elle qui a la Mercedes. Nous nous rendons ainsi au restaurant dans lequel nos hôtes nous invitent, restaurant qui se trouve en réalité à environ 1km de l’hotel, à une station de métro uniquement, mais il semble que l’hospitalité requiert le drop en voiture.

On passe une excellente soirée avec un nombre incalculable de spécialités au tofu qui s’enchainent les unes aux autres. Toutes sont dans des plats communs dans lesquels chacun pioche ce qu’il souhaite. Il y a du tofu blanc, mou, du tofu gris fondant, du tofu beige gélifié, du tofu clair avec des légumes, du tofu sombre avec du poisson, du tofu rose à pois bleus … ah non tiens. Il y a du bœufs, du poissons, des légumes divers. A la fin, on se retrouve avec littéralement une centaine de plats disposés sur la grande table. Ils nous ont vraiment reçu comme des rois, avec un plaisir très discret mais néanmoins manifeste de nous faire découvrir des bouts de la culture locale. On apprendra qu’en Corée, traditionnellement, les enfants naissent à 1 an, le temps passé dans le ventre de la maman compte. Il y a également un autre système (pas très sûr pour qui ni quand) dans lequel les personnes prennent 1 an de plus au premier janvier. Autant dire que ça fait jaser et sourire. Imaginons par exemple une Nina née le 29 décembre, deux jours plus tard, le premier janvier, elle se retrouve à avoir 2 ans. Les systèmes traditionnels semblent sur le point d’être abandonnés et, en 2023, si j’ai bien compris, un certain nombre de personnes (lesquelles?) ont eu deux fois le même âge cette année là, pour les remettre dans le bon système. Sous leurs airs discrets et souriant, ça semble quand même de sacrés petits farceurs ces Coréens.

 

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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