30 mars - Kyoto (Saison 1)
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Samedi. Vers 7h et quelques j’essaye d’aller laver mes affaires dans la laundry du second étage (je suis au 13ième), mais comme hier, toutes les machines à laver sont occupées. Tant pis, j’enfile mes baskets et sort soigner ma timeline Strava en profitant du soleil matinal. J’ai prévu un parcours le long des berges de la Tosahori River car il semble y avoir un parc qui longe. Effectivement, c’est un peu vert et le paradis des runners du coin. Je vais jusqu’au château d’Osaka, où on a mangé jeudi, qui cette fois est sous le soleil. Je prends des photos en courant et comprend assez vite qu’il vaut mieux, en fait, s’arrêter au moment de prendre des photos.
Retour à l’hôtel où, miracle !, une machine à laver est libre. On a prévu aujourd’hui d’aller visiter Kyoto, l’ancienne capitale du Japon, assez proche d’Osaka, une cinquantaine de km. On prends le métro jusqu’à la station centrale d’Osaka qui s’avère immense, un vrai labyrinthe, et surtout contrairement aux jours précédents où l’on n’avait pas trop pris le métro, on se rend compte que c’est vraiment bondé. Dans les couloirs, il faut bien rester sur son côté (ça roule/marche à gauche ici). Ça galère un moment car M. n’a pas d’ICOCA, une carte magnétique que l’on peut créditer pour effectuer les trajets en métro. On badge en entrant ET en sortant ce qui calcule et débite le coût en fonction de la distance. Mais on n’arrive pas à trouver de distributeurs de cartes et je ne me souviens plus quelles têtes ils avaient lorsque j’ai pris la mienne en arrivant. Il y a des tonnes de distributeurs pour recharger la carte. On demande et finalement on comprend que certaines des machines de recharge ont également un icône particulier indiquant qu’on peut aussi acheter la fameuse carte. En général, rien n’est ultra clair, mais les gens aident très volontier.
A Osaka station, je résous également une autre énigme. J’ai en effet acheté il y a quelque jour un billet de Shikansen, le TGV Japonais. J’ai fait ça en ligne, sur un site peut être un brin bizarre et après avoir payé, j’ai reçu un QR code. Très bien, me suis-je dis tout d’abord, ce code doit faire office de billet d’accès. Que nenni! Deux documents pdf de 4 pages chacun m’expliquent en effet comment faire pour récupérer le ticket. La première étape est de trouver des bornes spécifiques, uniquement pour les tickets du Shikansen. Mais où ? Ce n’est pas indiqué (ou je ne l’ai pas vu). Donc à Osaka station, qui est une gare grande comme la Tour du Pin et Bourgoin réuni, je me dis que forcément il doit y avoir de telles machines. Effectivement, au détour d’un hall, je vois des dizaines et des dizaines de distributeurs, dont certains, dans les coins, sont d’un vert correspondant à ce que je cherche. Par contre, je ne suis pas au bout de mes peines. Je scanne le QR code : ça ne fonctionne pas. Je rentre le code demandé: pas mieux. J’essaye successivement toutes les options (oui, oui, j’ai cliqué sur “English” avant, mais même en anglais, c’est vraiment pas super clair ; de manière générale, beaucoup de ce qui est écrit en anglais est truffé de fautes). Finalement, le code fonctionne ! Après, ça s’enchaine, il faut rentrer le numéro de réservation + le numéro de mon passeport (si, si!), et enfin … un numéro de téléphone, WTF ?? Au fond d’un des pdf joints au mail de commande, je retrouve une doc expliquant que si on nous demande un numéro de tel, il faut rentrer celui indiqué ci-dessous. Donc acte, et alléluia ! Un merveilleux ticket papier sort élégamment de la machine. Je le stocke prestement en sécurité. Ponctualité : Japan Rail 1, SNCF, 0. Commodité d’accès aux billets, Japan Rail 0, SNCF 1. Match nul pour le moment.
Pour Kyoto, c’est plus simple, la carte ICOCA suffit, comme un métro. On prend un express qui nous emmène au centre en moins d’une demi heure (départ et arrivée à la minute prêt). On se dirige vers le Nijo-Jo Castle, dans un grand parc, qui fût la résidence d’un (ou plusieurs?) Shogouns. Qu’est ce donc me direz vous ? Et bien, une sorte de général des armées qui dirigeait le pays, alors que l’empereur, pourtant avec un titre plus ronflant, faisant en fait office de reine d’Angleterre. Les Shogouns (“grand général pacificateur des barbares”) semblent avoir été un d’un tempérament plutôt ombrageux et moyennement ouvert au multiculturalisme. Ils dirigeaient les Samouraïs, le GIGN de l’époque. Ceux-ci étaient, au fond, des joyeux lurons, mais extrêmement pudiques alors ils ne le montraient pas ; très timides, il rosissaient légèrement lorsqu’ils coupaient des têtes avec leur grand sabre ultra affuté.
On visite le temple central (en enlevant les chaussures) composé d’un ensemble de grandes pièces vides, aux cloisons coulissantes translucides en papier de riz. Les fonds des pièces sont des grands panneaux de bois peints, avec des représentations diverses pour chaque pièce. Ici, il y a des tigres pas contents du tout, rugissant, mais avec des gros bides, ce qui réduit un peu la crainte qu’ils sont censés procurer. En plus, comme il n’y avait pas de tigres au Japon, les peintres ont parfois mis des tâches de léopards et l’anatomie générale est, disons, discutable.
Là, il y a des grands pins tortueux stylisés, un peu comme que la plage de la corniche à Sète. D’autres peintures montrent des aigrettes, des fleurs ou des canards. Le Shogoun du moment utilisait les pièces en fonction de ce qu’il avait à dire à ses interlocuteurs. Les premières sont grandes et aérée, il y recevait les dirigeants étrangers (avant de leur percer le ventre d’un coup de sabre). On fond, il y a une pièce plus petite, un peu plus sombre, décoré plus chichement. Semble-t’il que c’est là qu’il allait lorsqu’il disait à un Samouraï qui avait fait des bêtises, “vous passerez me voir dans mon dojo” devait-il dire les yeux sombres.
Le parc autour est sympa, avec une sorte de pelouse très rase et jaune, et à certains endroits plutôt moussus. Les arbres sont presque en fleurs, mais pas encore tout à fait. On croise une petite scène à même le sol où se succèdent des groupes de jeunes danseurs en costume Youkata (comme un Kimono mais coloré). Ils dansent de manière très rythmée, moderne, tous parfaitement synchronisés. Ils sont vraiment inspirés et vivent totalement leur spectacle plutôt entrainant. Un gars au micro à côté les accompagnent en déclamant des trucs-qu’on-comprend-pas et pousse régulièrement des gros cris de type “sa-sa” qui encourage et semble annoncer une charge de Samouraïs. Les danseurs aussi s’exclament à intervalle régulier.
On sort du parc et il commence à faire faim (il est 14h45). On se trouve un bol de type ramen, une belle soupe avec nodle, beufs et légumes divers. Il y a aussi des feuille de nori verte, des algues, qui ressemblent à des épinards agglomérés au fer à repasser. Au détour d’une rue, il y a une petite cour arborée et fleurie qui donne sur un temple à prières. Les gens font la queue pour aller effectuer un rituel (Shintoïste?), qui semble consister en un lavage de main avec des tasses en bambou accrochée au bout d’une tige, puis tirage d’une grosse corde échevelée qui déclenche une cloche tout en haut, enfin, prière les yeux fermés, pendant quelques secondes en joignant les mains avec un claquement (indispensable). En partant, de l’encens est allumé et posé dans une grande jarre de métal remplis de sable.
Il y a beaucoup de touristes, quelques arbres sont en fleurs. J’avoue que j’ai du mal à reconnaitre s’il s’agit de cerisier ou non (en tout cas, ils ne ressemblent pas tout à fait à ceux que je connais). On arrive dans une de ces incroyables rues marchandes, il s’agit cette fois d’un marché couvert. Il est bondé de touristes et la rue est assez étroite. Il y a beaucoup de stand de poissons en tout genre avec des brochettes à emporter. En particulier, deux ont la côte : des espèces de sucette de poulpe ou de pieuvre. Elles sont bien rouges, lisses et fond un effet rigolo. On trouve aussi des huitres dont certains sont très grosses. Il y a des stands de légumes et aromates, presque tous ensachés. Ici, une boutique dédiés au Matcha, le thé vert broyé iconique de Chine maintenant produit au Japon. Tout est décliné à cette poudre verte, des bonbons, des pâtisseries, des glaces, des plats préparés, etc. Perso, je n’en raffole pas vraiment. D’autres échoppes se spécialisent dans des châtaignes, ce qui est une hérésie, car la châtaigne provient d’Ardèche et puis c’est tout. On marche longtemps dans cette rue bruyante et odorante, en regardant un peu tout et en faisant des petites respirations dans les rues orthogonales.
Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises ! (La suite dans le post suivant...)
(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)
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