22-23 mars - Séoul

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Sur le trajet, j’entends la terrible histoire du pauvre maire d’Agde, malencontreusement trompé par, tenez vous bien, une fausse voyante ! Qui aurait pu imaginer que de tels faussaires existent ? Si on ne peut plus faire confiance en l’ésotérisme, ou va t’on ? Ma sœur m’avait pourtant prévenu que la magie noire guidait résolument les desseins culturels et urbanistiques du Sud.

Dans l’avion pour Istanbul, je finis Abercrombie (3ème tome de l’Age de la folie), trop bien. Le voyage n’est pas le plus agréable du monde. Dans le premier vol, je suis à côté d’une Tchadienne d’un certain volume, et par “certain” je veux signifier que le volume en question dépasse le volume normalement imparti avec la place. J’ai beau me décaler sur le côté, ça bloque un peu. Elle a des ongles de toutes les couleurs, parle Français (comme la moitié du Tchad apprend-je), et grogne lorsque l’hôtesse lui demande de choisir entre chicken or pasta car elle ne pipe pas un seul mot d’anglais.

Le second avion, pour Incheon (Séoul) est plus confortable niveau voisinage, car un frêle Coréen d’un certain âge (ça veut dire un brin plus vieux que moi) l’occupe et du coup j’ai plus de place. C’est sans compter, sur le siège du devant, un Américain d’un bon quintal et demi qui, lorsqu’il penche son siège vers l’arrière en position nuit, se retrouve presque la tête sur mes genoux, la tablette numérique censée me servir de divertissement se retrouve quasiment à plat, face vers le sol. C’est plus délicat pour regarder un film. Cela dit, ça tombe bien car ça ne me dit rien et je passe la « nuit » à lire et écouter de la (vieille) musique. A l’arrivée, vers 9h du matin, on sait qu’on a une grosse journée à faire pour essayer de ne pas dormir et se mettre à l’heure locale (+13h par rapport à Margot).

Pour le train vers Séoul, on décide, comme on nous l’a plusieurs fois conseillé, d’acheter une carte de transport qu’il est possible de recharger. Tout semble se faire par cash, un peu étonnamment. Après quelques tergiversations autour des machines (avec quelques inscriptions en anglais tout de même) on parvient à nos fins. Le trajet en train nous fait franchir une bande de terre très Sainte-Marie-de-la-mer, une sorte de lagune sablonneuse, avec des pins de ci de là. Je me demande un moment si je n’ai pas confondu Séoul avec Palavas, ouvrant mon sac pour vérifier le billet. La skyline qui se dessine me rassure sans le moindre doute, ce ne sont pas les mêmes buildings entre Séoul et Palavas.

Une fois à l’hôtel, on rejoint nos collègues qui arrivent également au même moment mais d’un autre avion. Il est environ 12:30, mais la chambre n’est pas prête. On décide alors d’aller balader un peu. On se perd dans des ruelles populaires avec de chouettes bouis-bouis colorés, des grandes cartes remplis de hiéroglyphes Coréen affichées en devanture. Il y a heureusement des photos qui nous donne une (petite) idée du futur contenu des assiettes. Ce coin semble une zone à « cantines» pour les travailleurs du coin. On opte pour un minuscule réduit, avec des tables en bois épais séparées par des lates, les murs blancs entièrement recouverts de graffitis. Tout de suite, on ressent la gentillesse coréenne, presque aucune inscription ne vient recouvrir l’autre, les nouveau mots doux (beaucoup de cœur et de dates) s’insèrent autour des précédents. L’ambiance est très sympathique, le Coréen substitue l’anglais par des sourires et ça passe aussi bien. On tente une sorte de soupe/ragoût/bouillon dont le récipient chauffé au gaz est directement incrusté dans la table. C’est remplis de divers mets étranges et plutôt rouge. On avait pourtant bien précisé « no no » à la demande « hot ? » (pour spicy sûrement), mais la spicitude des plats est très relative. En plus des pâtes de riz aisément reconnaissable, il y a d’autres trucs, moins aisément reconnaissable. En particulier des espèces de doigts blancs, dont on apprendra plus tard qu’ils sont apparenté au riz. Le Tteokbokki est un plat de gâteaux de riz (tteok) de forme allongée et épaisse, baignant dans une sauce de Gochujang. Il y a peut être du tofu, de l’ail, des pâtes de soja. C’est un peu trop épicé mais bien sympa et ça nous plonge dans l’ambiance.

Retour à l’hôtel pour poser les valises et prendre enfin une douche, puis go direct pour éviter de s’endormir après les 15 millions d’heures de trajet. On décide d’aller vers le sud, dans un coin nommé Gangnam. Ça vous rappelle quelque chose ? On marche pas mal de grandes avenues en petite rues, le nez en l’air. On observe des fous furieux jouer dans une salle d’arcade à un jeu de « danse » où il faut sauter en rythme sur différents plots au sol, la vitesse est hallucinante, les joueurs sont frénétiques et en nage, c’est un sacré sport. Pour ma part, lorsque je parviens à identifier la couleur sur laquelle il faut poser le pied, environ 160 autres instructions ont été données entre temps, que le joueur a lui parfaitement respectées, en atteste le mot « perfect » clignotant à intervalles réguliers.

Plus tard, on poursuit sur la Gangnam avenue (?) avec des status à la gloire du Johnny Hallyday local, dont j’ai cru comprendre qu’il avait été récemment décoré. Juste récompense pour le chantre de la Gangnam attitude ayant permis à des millions de personnes, moi le premier, d’entendre parler de la Corée autrement que par les escalades militaires des frontières Nord-Sud. Bon, certes il y a la K-pop aussi. D’ailleurs on croise une attroupement et admirons les déhanchés d’un groupe de danseuses et danseurs, tous de blanc vêtus, en parfaite synchronisation. Des grands sourires et des cœurs avec les doigts à tout va inondent la performance. En vrai ça fait plaisir de voir le plaisir qu’ils ont manifestement à danser et chanter. L’ambiance générale est vraiment très sympathique, on a l’impression que tout le monde est gentil. Étonnamment, peu de rue piétonnes, les voitures circulent même au milieu de la foule. Mais ça se fait sans heurts, tranquillement. Tout le monde attend patiemment les lumières vertes aux passages cloutés. Devant les bus, de belles files d’attente. C’est reposant. Attention, si vous venez de Marseille, je vous déconseille fortement, vous allez faire une attaque. Retour en bus, les yeux papillotent. Je m’endors à un moment et lorsque je réouvre les yeux je crois reconnaître l’arrêt, je bouscule M. qui s’est aussi endormi en pensant que c’est le bon arrêt, on se précipite vers les portes, mais bien sûr non, aucun rapport, juste le cerveau qui blague. Il est grand temps de rentrer roupiller.  

 

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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