Jour 10 - Quepos

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Au réveil, on s’installe dans les lourds rocking-chair en bois lisse sur la terrasse à l’étage pour regarder la vie des arbres. C’est comme Arte Ornithologie. Un colibri vient me voir et fait du sur place en plein ciel. Au fond on voit passer les singes (ouistitis ?) sur les grands manguiers.

Évidemment, on part balader autour et on voit un bébé paresseux. La maman paresseux est, quant à elle, toujours dans son arbre (le même que celui de la veille), 10 mètres plus haut, sur la même branche, avec son copain l’iguane, sur la branche au dessus de sa tête. On imagine la maman ayant dit au bébé, la semaine dernière, « va pas trop loin, mon lapin », et l’autre avec la fougue de la jeunesse est partit gambader dans l’arbre voisin. Je secoue doucement la branche grâce à une liane qui pend, ce qui affole l’animal. En effet, il lève lentement une patte griffée et … la laisse en plan, levée au milieu d’un mouvement. Il s’est endormi au milieu du geste.

On voit passer deux énormes ara royaux, des grand perroquets comme dans les livres d’images des enfants, ils ont plus de couleurs qu’on ne peut en dénombrer, toutes plus éclairées les unes que les autres, c’est assez irréel. Leur vol est vraiment majestueux. Leur cri, en revanche, est proche des poissonnières marseillaises un matin de marché. Ils se gueulent continuellement dessus, on jurerait qu’ils se pourrissent mutuellement. Les filles essayent ensuite d’imiter le sifflement du hiboux que nous a appris Andrès, hiboux que l’on n’a toujours pas vu. De mon côté, j’imite beaucoup plus facilement le cri du paresseux et je pense qu’il me répond (« wesh frère » dit-il).

J’ai repéré une plage, Playa La Macha, pas très loin. Le site web indique que l’accès est très difficile et déconseillé. Je cache évidemment ce détail à la troupe et on prépare sacs et maillots. La route passe du bitume aux trous, nous sommes habitués maintenant, puis du trous aux trous, alors on continue à pied. Il fait déjà bien chaud (ce doit être 9am environ), mais on est par moment protégés par l’ombre des arbres. Ça descend très sec, on anticipe une remontée tendue, mais on est des bonhommes alors on continue. Un petit panneau indique un vague chemin qui descend à pic, à flanc de falaise. On s’y engage et on parvient dans un petit paradis. Une magnifique anse, sable et rocher sombres, des affleurements au loin surmontés de végétation. La plage est idéale, les vagues bien sympas et l’eau ultra chaude. Très peu de monde, c’est un bout de paradis. On y reste toute la matinée. Je nage un moment vers l’espèce d’île du fond, accompagné tout le long par deux petits poissons jaunes, rayés de noir, de la taille d’un pouce qui restent constamment avec moi devant le masque ou autour du cou. L’eau n’est pas claire cependant. Après une petite visite de l’île peuplée de crabes qui cliquettent de partout dès que j’accoste, je retrouve mes potes aquatiques jaunes qui me raccompagne jusqu’au rivage. Cédric, qui a nagé de l’autre côté, a eu la même expérience de poissons jaunes accompagnateurs. Je pense qu’il s’agit d’un service gratuit pour les touristes, afin d’éviter qu’ils se perdent.

Le chemin du retour est synonyme de grosse suée car la chaleur est vraiment montée d’un cran et le soleil tape fort. Quand à la descente de l’aller, elle s’est muée en montée de la mort. On transpire à grosses gouttes. On retourne se réfugier dans notre palace et sa piscine. Après un temps calme (on a déjà trop pris le soleil le matin et la chaleur est rude entre midi et deux), enhardi par la découverte du matin, je propose une balade direction une cascade en fin d’aprem. C’est un échec cuisant, retentissant et total, le chemin prévu est en fait interrompu par une grande propriété que l’on ne peut pas transverser. En fait, une bonne partie de la colline où on se trouve abrite de grandes maisons à flanc de dévers, type américaine, avec grandes baies vitrées sur 2 étages, piscine et touti quanti. Certaines nous font rêver pour notre gîte estival annuel. Toutes sont orientées de telle manière qu’on devine une vue incroyable sur l’océan et la forêt dans la vallée. On part ensuite faire un tour à la marina Pez Vela pour observer un chouette couché de soleil bien rouge. La marina héberge un comité de réception pour, visiblement, un concours de pêche à l’espadon avec de gros bateau luxueux pour les américains qui écoutent du rock 70s et boivent des buds. On termine ensuite la balade dans les quartiers plus locaux, un ensemble quadrillé de rue bordées de resto, bar ou boutiques diverses. Un peu plus loin, le stade de foot est bien vert. On en a croisé presque à chaque ville traversée, ça permet un espace plus aéré et un lieu d’activité, les gens semblent se rassembler autour.

Remontés par la vue des Américains, on attaque le BBQ avec la machine de guerre du gîte. Bien rodés par des années d’expérience, on attaque la cuisson, la bière à la main. Attention, ce n’est pas accessoire, on ne peut physiquement pas réussir une grillade si les ribs ne sont pas retournés de la main gauche, la droite tenant la bouteille. C’est tout un art mâtiné de science. Tout s’annonce donc plutôt pas mal quand soudain, c’est le drame. Enfer et damnation, horreur et malheur ! Y’a plus de gaz. On se regarde les uns les autres, on lit la peur dans les yeux de certains, d’autres sont estomaqués et ne réalisent pas la situation, d’autres encore sentent leurs jambes vaciller. On sent l’odeur de la peur monter. La catastrophe semble imminente. Désespérés, on envoie un message à Andrès. « Oh, no » répond t’il, un brin laconique. On ressent alors tout le désespoir et l’empathie du fidèle gardien, qui garde cependant son sang-froid. On l’imagine mettre en branle une logistique de secours, avec une rigueur quasi militaire. Effectivement, 4 longues minutes (confinant au désespoir) plus tard, un fidèle lieutenant d’Andrès débarque avec une mobylette à l’arrière de laquelle trône la bonbonne de gaz salvatrice. Il procède à l’échange et nous pouvons à nouveau tous respirer. Je n’aime pas bien ces moments d’angoisse intense.  

 

(Note: toutes les photos sont visibles sur ce lien...)

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